Arnaud Gauthier-Rat : “Le Pacte de Performance est le dispositif qu’il manquait aux sportifs de haut niveau.”

Découvrez Arnaud Gauthier-Rat, un talentueux athlète de beach volley de l'équipe de France, qualifié pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Arnaud est soutenu par la Caisse d'Epargne de Midi-Pyrénées, NGE et Tourtel Twist à travers le Pacte de Performance, dispositif de la Fondation du sport Français. Parallèlement à sa carrière sportive, Arnaud poursuit ses études en cinquième année d'ingénierie à l'INSA de Toulouse. Dans cette interview, il nous partage son parcours, ses défis, et ses ambitions futures, tant sur le plan sportif que professionnel. Découvrez comment il parvient à jongler entre ses engagements sportifs et académiques, et ce que l'avenir lui réserve.

Crédit photo : Armand Lenoir

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Je m’appelle Arnaud Gauthier-Rat, j’ai 27 ans. Je suis en équipe de France de Beach Volley et qualifié pour les JO de Paris 2024. Parallèlement, je suis étudiant en cinquième année d’école d’Ingénieur à l’INSA de Toulouse.

Comment vous êtes-vous orienté vers le beach volley ? Pourquoi le choix de cette discipline ?

Je suis arrivé au volley parce que c’était un sport familial. J’ai commencé assez tard, à 15 ans, en voulant pratiquer un sport collectif. J’hésitais entre le volley et le basket, les deux sports pratiqués dans ma famille. Finalement, j’ai choisi le volley parce que j’avais un peu plus de bagage. J’y jouais depuis tout petit sur la plage en Bretagne chaque été, donc je ne partais pas de zéro. Pour commencer, j’ai fait 2-3 ans de carrière en indoor avec un petit passage au CNVB, le centre d’entraînement des équipes de France indoor. Ensuite, j'ai fait une première sélection en beach volley pendant un été, et cela m’a beaucoup plu. J’ai eu l’opportunité d’aller au pôle France à Toulouse et de commencer mes études à l’INSA de Toulouse. C’est dans ce contexte que j’ai décidé de me consacrer pleinement au beach volley et d’aller à Toulouse pour débuter mes études.

Est-ce qu’il y a un sportif ou un entraîneur que vous admirez particulièrement ?

J'ai eu la chance d'être guidé par d'excellents entraîneurs au début de mon parcours, en particulier en volley indoor avec Yves Logeais et Eric Daniel comme principaux mentors, qui m'ont beaucoup apporté. Parmi les sportifs inspirants, à l’international, j'apprécie particulièrement Roger Federer pour sa classe et sa personnalité. Et si on se concentre sur les sportifs français, Teddy Riner est une grande source d'inspiration pour moi, autant par le respect qu'il inspire que par les valeurs qu'il incarne. Je pense qu'il est important de ne pas seulement considérer le niveau sportif, mais aussi les valeurs transmises.

Pouvez-vous nous parler de votre double projet sportif et professionnel ?

Pour moi, il est important de faire des études pour ne pas être polarisé sur une seule chose dans la vie. Ça apporte un équilibre supplémentaire et prépare l'après-carrière parce que les revenus du beach volley ne sont pas suffisants pour assurer une retraite confortable à la fin de la carrière sportive. En plus, j'avais un profil scientifique, donc l’INSA m’a tout de suite plu.

Faire des études de ce niveau en étant sportif n'est pas évident, car peu d'établissements proposent d'accompagner les sportifs de haut niveau tout en leur offrant un cursus aussi exigeant. L'INSA de Toulouse est l'une des meilleures écoles d’ingénieurs en France et l'une des rares à proposer des aménagements pour les sportifs.

Concrètement, si je souhaite étaler une année sur deux ans, repousser un examen à cause d'une compétition, ou avoir des cours particuliers pour rattraper les heures manquées, c'est possible. J'ai accès à des cours particuliers avec un maître de conférences de très haut niveau qui m'explique en détail ce que je n'aurais pas pu comprendre seul.

C’est tout cela qui a rendu le choix de cette école évident, et je ne le regrette pas du tout.

Comment la Fondation du Sport Français vous aide avec son dispositif Pacte de Performance ?

On a évoqué le fait que le beach volley n’est pas un sport professionnel, donc la rémunération est limitée. Actuellement, on est dans la période des Jeux donc il y a plus de dispositifs et d’opportunités financières pour les sportifs des sports non professionnels. Mais ce n’est pas toujours le cas. Au début de ma carrière, il m’est arrivé de devoir travailler le soir après les entraînements pour gagner un peu d’argent, parce que je ne gagnais rien. Donc, en plus de ma journée d’entraînement, je donnais des cours le soir.

Pour moi, le Pacte de Performance est le dispositif qu’il manquait aux sportifs de haut niveau. Il nous fallait quelque chose qui mette en relation les entreprises et les athlètes avec une fiscalité intéressante parce qu’on ne va pas se mentir, les entreprises en France sont un peu frileuses quand il s’agit d’investir sur les sportifs. S’il n’y avait pas eu cet avantage fiscal pour les entreprises, il y aurait eu très peu de partenariats.

Le Pacte de Performance apporte confiance et sécurité aux entreprises. Par exemple, si je démarche des entreprises en leur expliquant mes compétences, elles peuvent douter de ma crédibilité. Même pour les aspects administratifs, les entreprises peuvent être hésitantes parce qu’elles ne s’y connaissent pas forcément et n’ont pas toutes un juriste spécialisé dans ce domaine.

Grâce à la Fondation, les entreprises ont accès à un dispositif sérieux et fiable pour soutenir les sportifs de haut niveau.

Qu’est-ce que les Jeux de Paris représentent pour vous, et quels sont vos objectifs à l’avenir ?

Nous ne sommes pas têtes de série, mais ayant déjà remportés un grand chelem dans une situation similaire par le passé, nous savons ce que cela représente de gagner un tel tournoi. Avec le soutien du public français, cela pourrait faire la différence.

Quoi qu’il en soit, cette période marque une étape majeure de ma vie. Mon double projet débuté en 2014 touche à sa fin avec ma participation aux Jeux Olympiques de 2024. Il sera temps de définir de nouveaux objectifs. Mon partenaire actuel, Youssef Krou, prendra sa retraite après les JO, ce qui marquera le début d'un nouveau processus de recrutement en vue des Jeux de Los Angeles 2028.

En ce qui concerne mes études, ma priorité sera de me reposer et de les finaliser. L'an prochain, je terminerai mes études d'ingénieur après mon stage de fin d'études. Ensuite, je réfléchirai à mon avenir professionnel. Je pourrais travailler en tant qu'ingénieur ou dans la gestion de projets, tout en envisageant de m'investir dans la transition écologique, une cause qui me tient à cœur.

A ce propos, c’est vrai que vous mettez beaucoup en avant l’écologie et ce lien avec votre sport, pouvez-vous nous en dire davantage ?

Je pense qu'il est nécessaire de réformer en partie la manière dont nous pratiquons le sport. Actuellement, nous prenons l'avion chaque semaine pour jouer à l'autre bout du monde, ce qui n'a aucun sens. Cette année, par exemple, nous avons enchaîné trois tournois au Brésil, en Chine et au Mexique. Si les tournois avaient été organisés différemment, nous aurions pu éviter des allers-retours inutiles.

Mon empreinte carbone est énorme, environ 500 fois supérieure à celle d'un Français moyen. Pour y remédier, je devrais soit arrêter ma carrière, soit attendre que les instances prennent des décisions intelligentes. Actuellement, les athlètes font face à un dilemme majeur : refuser des tournois à l'autre bout du monde, souvent dans des pays qui ne correspondent pas à nos valeurs en termes de pollution et de respect des droits de l’homme, au risque de perdre la qualification olympique.

Qu’est-ce que vous diriez à une personne qui voudrait se lancer dans le beach volley ?

Pour moi, ça a été un long parcours d'essais, d'erreurs et d'améliorations. En dix ans, ma carrière a pris forme, ce qui m'a donné le temps de faire de nombreuses erreurs. Il faut donc simplement se lancer sans craindre de se tromper et surtout rester très organisé. Je pars du principe que lorsque l'on a envie de réaliser quelque chose, il suffit de le décomposer en obstacles à surmonter un par un pour atteindre son objectif. C’est un peu mon côté cartésien ingénieur.

Je pense que lorsqu'on se donne les moyens, on réussit, même si le chemin peut être différent ou plus long pour certains. Au bout du compte, il y a le succès et, dans tous les cas, un développement personnel incomparable à ce qu'on pourrait vivre dans une vie classique. Ceux qui ne connaissent pas cela, notamment le sport de haut niveau et l'autonomie, ne peuvent pas vraiment comprendre cette expérience.

Crédit photo : Armand Lenoir

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